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Exemple

12 septembre 2009

> "VISITE DE SIR GEORGES ET DAME LUTHIEN EN ARDENNES"

par Peterschaum


Sir Georges est bien connu de la plupart d'entre nous. Il met à notre disposition de superbes pipes, pour toutes les bourses. Georges a une gentillesse et une disponibilité pour nous répondre dont devraient s'inspirer bon nombre de vendeurs de pipes. 
C'est d'ailleurs à l'occasion d'échanges très plaisants de courriels, lors de quelques ventes, que nous avons lié amitié. Cependant, dès la première fois, le ton était donné et nous nous sommes très vite appréciés mutuellement.
Il y a quelques temps, je lui avais proposé de venir nous rendre visite, lorsqu'il aurait l'occasion de descendre dans les Ardennes. Ainsi, jeudi passé, alors que nous discutions d'une pipe qu'il m'avait présentée, car il connaît bien les goûts de ses amis, il m'a dit qu'il se rendait ce lundi à Weiswampach, au Luxembourg, et m'a proposé d'en profiter pour nous rencontrer autour de quelques bonnes pipes. 
C'est ainsi que, dans l'après-midi, Georges et Lucienne – que j'ai surnommée "dame Lúthien", en référence à J.R.R. Tolkien et pour bien s'accorder avec le surnom de Georges – se garaient dans mon allée, suivis littéralement par la voiture de mon épouse qui revenait d'être allée rechercher notre petit dernier à l'école. Celui-ci, alors qu'il n'a que quatre ans, nous a attendri par sa façon de recevoir nos hôtes, leur faisant faire le tour du salon en leur proposant les meilleurs fauteuils pour s'asseoir ou, s'ils le voulaient, s'installer autour de la table où nous allions prendre le café et déguster une tarte aux pommes que mon épouse avait choisie ce matin à La Roche-en-Ardenne. Un vrai petit gentlemen de quatre ans, dont le grand sérieux nous a tous amusés.
Une fois installés autour de la table, je découvre que Georges, en plus d'être un passionné de pipes et en particulier des "vieilles British", s'y connaît assez bien en informatique pour s'intéresser de près à GNU/Linux, même s'il n'a pas encore franchi le pas. Voilà pour l'anecdote, car le sujet qui nous intéresse est bien sûr la pipe et les tabacs.
Georges, comme tous les fumeurs de pipes, emporte un certain nombre de ses belles avec lui et, lorsque nous évoquons le rituel des préparatifs d'avant un départ, avec nos longues hésitations devant les râteliers et les boîtes de tabac, nos épouses se regardent d'un air entendu. Ce ne sera d'ailleurs pas la dernière fois, au cours de notre conversation. Être femme de fumeur de pipe, c'est tout un art de vivre aux côtés de leur pétuneur de mari. Et si nous avons nos sujets de conversation, elles ont les leurs aussi à notre propre sujet.
Nous en venons à discuter tabacs et je lui parle du Samuel Gawith qui vient d'entrer en Belgique, le "Golden Glow". Il le hume et, comme il semble apprécier, je lui propose d'en prendre un peu. Plutôt que d'en emporter un échantillon, il décide d'en bourrer une pipe qu'il laisse reposer, en attendant la fin de notre collation.
C'est donc après un bon cappuccino à la crème et une part de tarte que Georges sort quelques sacs à pipes tirés d'un plus grand sac. Il me montre ses belles vieilles bruyères anglaises, dont quelques Dunhill, mais également une étrangère et néanmoins superbe S. Bang ; la seule qu'il ait gardée sur quatre, me précise-t-il. Je comprends donc qu'elle n'est pas à vendre et c'est peut-être mieux, car mon épouse, qui commence à s'y connaître sans jamais avoir fumé la pipe, surveille avec encore plus d'attention notre conversation sur cette danoise, une fois que le nom qu'elle connaît déjà très bien a été lâché. Il faut dire que je viens d'acquérir quelques bonnes pipes, ces derniers mois, et qu'il est temps de me calmer... afin d'en garder un peu pour les autres mois de l'année.
Georges a aussi amené la fameuse Fred Brandt dont nous avions discuté à plusieurs reprises. Il me précise, mais inutilement, qu'elle ne l'a pas accompagné dans le but de me forcer la main. Georges n'est pas un marchand, tous ceux qui ont déjà eu affaire à lui le savent et je suis d'ailleurs un peu  amusé qu'il insiste tant pour être certain que je ne pense pas qu'il ait apporté cette pipe dans un but lucratif. Je le rassure en lui disant que ce n'est pas nécessaire et que j'espérais même qu'il le fasse.
Sir Georges prend de très bon clichés de ses pipes, cela permet à l'acquéreur de n'avoir aucune surprise, au moment de l'examen de réception. Je suis d'ailleurs étonné à chaque fois de la qualité des photos, comparées à la pipe reçue : il n'y a pas de différence. Si elles ne permettent pas de sentir la pipe en main, et comme le disait si justement René Magritte, "Ceci n'est pas une pipe", dans le tableau "La trahison des images", on ne peut pas dire "Elle est encore mieux en vrai qu'en photos", tel qu'on l'entend souvent. Ou pire, au sujet de photos brouillées qui masquent parfois des défauts et dont on est soulagé qu'il n'en soit rien. Donc, les photos de Georges reproduisent bien ce que l'on a sous les yeux par la suite.
Le fait d'avoir une pipe devant soi est quand même un plus pour apprécier son volume réel, dont on peut relativement se faire une idée en ajustant la taille des photos aux dimensions méticuleusement indiquées – au centième de millimètre près – sur ses descriptions. D'ailleurs, cela reste bien relatif, car la Fred Brandt m'apparaît malgré tout plus petite que je ne me l'étais imaginée ; mais c'est sans doute aussi à cause de la Millville que Georges m'avait présentée il y a quelques jours, en disant qu'alors qu'il triait ses pipes en vue de la mise à jour à venir, elle lui avait fait penser à moi. Reste à savoir comment prendre le fait qu'il s'agisse d'une grande et large pipe courbée ?... Je me tiens pourtant toujours très droit ! 
Blague à part, il s'agit d'une pipe énorme au foyer plus que généreux, comme il sait que je les aime, et elle est bien telle que sa nomenclature l'indique : "Unique". Cela m'avait amusé car, suites de coïncidences, à peine venais-je de conclure l'achat d'une collection complète de la série des Maigret, dans le cadre de la reconstruction de mes diverses collections, que je recevais le courriel de Georges et, dès que j'ai vu les photos, j'ai tout de suite pensé à la pipe préférée du personne issu de l'imagination d'un autre Georges, Simenon celui là, dont il écrivait qu'elle était aussi grosse que la tête du célèbre inspecteur et que l'on aurait pu y bourrer, consciencieusement et à petits coups d'un index appliqué, le quart d'un paquet de "gris". L'image était bien sûr un peu forte, mais Georges, toujours Simenon, voulait faire passer l'idée d'une pipe très imposante, à l'image de Maigret, dont le meilleur interprète me semble être Bruno Cremer, jusqu'à présent.
Au départ, je pensais prendre la Millville avant la Fred Brandt mais, finalement, cette dernière étant déjà sur le site depuis au moins le début du mois d'avril, et après les dépenses des vacances et de la rentrée, elle risquait de ne plus rester longtemps disponible. Georges m'avait d'ailleurs dit qu'il hésitait encore à la mettre en vente, ce qui me laissait un peu de temps pour la Millville. Je vous en parle, vous en donne sans doute envie d'en savoir plus, mais vous aurez compris qu'il faudra attendre encore un peu avant d'en voir des photos détaillées. 

Sur ce cliché, tout à droite, on peut apercevoir la Fred Brandt et la Millville juste à côté. 

Nous continuons à parler pipes et tabacs et confirmons de plus en plus nos goûts en commun. Tout en devisant, nous avons allumé nos pipes, lui la Comoy's "Grand Slam" Bulldog allongée qu'il avait bourrée auparavant et moi, une Savinelli du C.I.P.C. dans laquelle je fume du "Skiff Mixture". Au bout de quelques bouffées, Georges me demande où j'ai pu me procurer le "Golden Glow", signe qu'il le trouve apparemment à son goût, et il est tout surpris d'apprendre qu'il soit disponible dans les civettes belges.
Il faut dire que c'est quand même assez récent. Je pense que cela a dû se décider à l'occasion de la ête de la pipe autour de Poul Winsløw en personne, chez Jean-Pierre Petyt, où celui-ci et Ben Kopmans, le distributeur des tabacs Samuel Gawith qui s'y trouvait également, ont dû en parler à cette occasion. J'avais également demandé à Jean-Pierre s'il aurait un bon Virginia en "Ready Rubbed" ou "Broken Flake" en magasin. Il m'avait proposé le "HH Mature Virginia", mais je ne le trouve pas assez pur en goût.
Pour en revenir au "Golden Glow", on peut même dire que Georges a adoré ce tabac, vu qu'il m'a demandé, un peu avant de partir, si j'en avais en stock. C'était sans doute dans l'éventualité de me proposer de m'en racheter un boîte, mais je n'en avais qu'une pour l'essayer également. C'est pour dire si on peut penser qu'il l'aime bien, au point de ne pouvoir attendre de s'en procurer à la civette près de chez lui, à son retour ! Lui qui me disait que le Dunhill "Mild Blend" (nommé plus tard "Mellow Blend", un Virginia à ne pas confondre avec le "Standard Mixture Mellow") lui manquait tellement, il y a quelques temps. Cela fait plaisir de voir que ce tabac lui plaît autant et d'avoir pu lui rendre la politesse pour tous les services et conseils qu'il fournit, sans compter son temps. 
Par contre, j'avais une boîte de Dunhill "London Mixture", de la bonne époque du "Made in UK, made in Murray's" que je comptais lui offrir, mais il n'acceptait qu'un échantillon. Georges est de la race de ces vraies personnes généreuses, plus enclines à donner qu'à recevoir. Lorsqu'il a sorti une boîte tout aussi scellée de "Nightcap" et de la même facture, afin de l'ouvrir pour y bourrer de quoi se faire quelques pipes, j'ai proposé un échange pur et simple. J'avais donc quand même réussi à faire accepter mon cadeau surprise en entier, finalement, même s'il a fallu passer par un échange, ce que je ne regrette pas, ceci dit. 
Ah, ces vieux tabacs Dunhill ! J'en connais qui ne contrediront pas le fait qu'ils n'ont rien à voir avec les dernières productions. 
Arriva alors le moment de nous quitter, toujours un peu trop tôt... Mais la route de retour est longue et pour être chez eux pour l'heure du souper (dîner, en France) il était temps de partir. Il devait sans doute être aussi un peu en manque de pommes-de-terre, malgré les moules-frites dégustées à midi. 
Ah oui ! Si vous ne le saviez pas, Georges, en bon Belge, ne peut vivre très longtemps sans sa dose de patates, de préférence sous forme de frites (plongées en deux temps dans l'huile, comme il se doit, et non pas rissolées ou au four). 
Voilà, c'est sur cette petite note gastronomique, dont les plaisirs de la pipe font aussi partie, que s'achève ce petit récit. Nous gardons de cette visite un très bon souvenir et nos épouses aussi. De plus, nous avons chacun une boîte de savoureux Dunhill qui nous rappellera cette journée et une excellente pipe a pu être ajoutée à mes râteliers, en attendant les suivantes qui iront bientôt la rejoindre. 


Voici la Fred Brandt, marquée "Full Straightgrain – Handcut in Denmark".



Très belle de ce côté aussi. Je ne me lasse pas de l'admirer.



Sans oublier ses magnifiques œils-de-perdrix sur le dessus. 

Elle fume merveilleusement avec les Virginia, sa douceur et sa profondeur permettant de développer toute la délicatesse de leurs arômes jusqu'au bout. Le confort en bouche est des plus agréables et le tuyau bien percé permet de passer une chenillette sans aucun obstacle, lorsque l'on désire enlever la condensation, certes infime, qui peut parfois perturber le goût de la fumée dans n'importe quelle pipe. Encore une belle bruyère de Georges qui n'est pas prête à partir de chez moi, comme aucune de celles que je lui ai achetées, d'ailleurs.
A bientôt, sir Georges et dame Lúthien ! La prochaine fois que vous passez au Luxembourg, vous connaissez notre adresse.
Merci d'avoir consacré un peu de votre temps à cette lecture et bonnes pipes,
Peterschaum
Ardennes, mercredi 09/09/09
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, vous pouvez consulter son site à cette adresse : 

Notes

Comme toujours, lorsqu'il s'agit de parler d'une personne en particulier, j'ai soumis ce texte à Georges, avant publication.

Il m'a fait remarquer qu'il serait peut-être un peu long à lire, pour d'autres que nous, a-t-il précisé, mais pour une fois que je peux me permettre de laisser mon texte intact, sans les inévitables coupures éditoriales, je vais le laisser tel qu'il l'a approuvé. En espérant ne pas vous avoir ennuyé avec le récit de cette visite anecdotique.



1 commentaire :

Marc a dit…

Excellent Georges très sympa et belles pipes.